Nous recevons cette semaine l’un des acteurs clés de la production d’objets BIM pour les Industriels, la Société Polantis qui va nous parler du concours récent BIM. C’est Manon Roger Directrice Marketing et Communication que nous avons le plaisir d’accueillir.
Manon Roger
Directrice Marketing et Communication
Société Polantis
Bonjour Manon,
C’est un plaisir d’accueillir l’un des acteurs clés de la création et mise à disposition d’objets BIM sur le marché français et à l’international. C’est un moment assez particulier car vous venez d’ailleurs de célébrer les résultats de votre concours BIM dont tu vas nous parler.
Mais avant tout, peux-tu nous parler de Polantis, de son histoire en quelques mots et de votre position sur le marché ?
Polantis a été fondée en 2008 par Itaï Cellier et son associée Laura Proust.
La société est née du constat suivant : les industriels investissent dans des catalogues produits version papier quand les architectes ont besoin des produits numérisés en 3D.
Avec plus de 160 000 architectes et prescripteurs inscrits dans 164 pays, des dizaines de milliers d’objets réalisés et plus de 28 formats de logiciels supportés, Polantis est aujourd'hui le leader mondial de la création de contenu CAO et BIM pour fabricants de produits et matériaux pour la construction, l’architecture et le design.
Sentez-vous une véritable explosion de la demande au niveau des industriels en France ? Que vous demandent-ils précisément lorsqu’ils viennent vous voir ?
Effectivement, la demande est croissante de la part des industriels, mais aussi des utilisateurs. Nous avons pu le constater sur BIM World notamment : les prescripteurs venaient vers nous avec des demandes précises : « j'aimerais trouver telle famille d'objets » ou encore, « j'aurais besoin des produits de tel industriel sur la plateforme ».
Pour en revenir aux industriels, ils constatent aujourd'hui qu'ils ne peuvent pas se passer des fichiers CAO & BIM de leurs produits et quand ils viennent vers Polantis, ils veulent d'abord comprendre et voir. Voir les logiciels métier, voir ce qu'est une maquette numérique, voir comment intégrer un produit dans une maquette, etc.
Dans un deuxième temps, ils sont en demande de trouver la meilleure solution, pas seulement pour modéliser leurs produits mais pour que ces derniers donnent satisfaction à l'utilisateur final.
Nous organisons presque quotidiennement des rendez-vous dans nos bureaux où les industriels viennent rencontrer nos architectes.
J'invite les lecteurs à consulter les cases studies que nous avons fait sur la démarche BIM de certains fabricants : Baccarat, La Toulousaine ou encore l'Enveloppe Métallique du Bâtiment sur le blog de Polantis. Ces cases studies racontent les coulisses de la modélisation des objets.
http://www.polantis.info/blog/2016/02/22/case-study-baccarat-bim/
http://www.polantis.info/blog/2016/04/15/case-study-3/
http://www.polantis.info/blog/2016/02/01/case-study-enveloppe-metallique-du-batiment/
Combien d’objets et de marques avez-vous sur votre site ? Quel est le format le plus demandé ?
Plutôt qu'en marques, nous comptons en fabricants. Il y 162 fabricants dont les objets sont en ligne sur la plate-forme. En comptant les fabricants qui n'ont pas publié leurs produits, nous montons à bien plus de 200.
En tout, nous proposons plus de 12 000 objets modélisés par les équipes de Polantis.
Les formats les plus demandés sont .rvt (Revit ndlr) et .rfa (Revit ndlr) ainsi que du .dwg (AutoCAD ndlr).
Produisez-vous déjà des objets structurés au standard PPBIM ? Ou en avez-vous le projet ?
Aujourd'hui, le PPBIM est une définition des attributs des produits (qu’est-ce qu’un dormant de fenêtre ? comment est-il nommé ? Comment est-il traduit dans d’autres langues ?...). Ce standard est censé être capable de faciliter la lecture et la compréhension des objets BIM par ceux qui les utilisent ainsi que de comparer un objet A à un objet B (du même fabricant ou de fabricants différents). La norme PPBIM devrait être prête, si tout va bien, en 2019...
Aujourd'hui, nous constatons qu'il y a tous les jours des appels d'offres en BIM et les industriels qui veulent y répondre ne vont pas attendre 2019 pour créer leur objets, tout le monde doit pouvoir profiter du BIM dès aujourd'hui. C'est un non-sens que d'attendre la sortie d'une norme expérimentale pour commencer à travailler.
D'ailleurs, quand cette norme sera appliquée et si les fabricants souhaitent que leurs objets soient compatibles, il sera très simple pour Polantis de rendre les objets modélisés compatibles.
Que pensez-vous de l’avancée du BIM en France ? Suivez-vous les travaux du PTNB et de Mediaconstruct ? Qu’en pensez-vous ?
La France semble être bien avancée sur le sujet du BIM, les acteurs du secteur se mobilisent tous ou a minima sont très bien informés. Chez Polantis, nous avons la chance d'avoir un statut de témoin privilégié : situés entre les fabricants et les architectes, nous voyons bien que les choses évoluent. Par exemple, Lafarge France - avec qui nous travaillons - est meneur sur la question du BIM au sein du groupe.
Pour ce qui est du PTNB, nous sommes très attentifs à ce qui est produit et concernant Médiaconstruct, nous faisons plus que suivre les travaux en cours puisque nous sommes actifs au sein du sous-collège « Éditeurs de contenus BIM » créé en février 2016.
Le concours, une très belle initiative ! Peux-tu nous raconter la genèse de ce projet en quelques mots ?
Le concours a été motivé par plusieurs choses. D'abord, nous avions envie d'accompagner les architectes dans l'adoption du BIM : nous voulions mettre l'accent sur la pédagogie. Ensuite, nous voulions permettre à nos clients de mettre en avant leur démarche BIM. Enfin, nous voulions confirmer le statut d'acteur incontournable du BIM de Polantis.
Itaï Cellier, architecte de formation, a eu l'idée d'organiser un concours pour les architectes, il a aussi souhaité proposé une dotation exceptionnelle de 17 500 euros pour les trois lauréats. Selon son idée, il fallait aussi proposer des tutoriels et cas pratiques aux candidats tout au long du concours, pour les accompagner.
L'idée de la pépinière d'entreprises s'est imposée à nous comme étant symbole d'innovation et de dynamisme et la ville de Bobigny nous a proposé un site avec un très beau potentiel pour installer – virtuellement – le bâtiment.
Qui étaient les personnes et organismes publics impliqués ?
Nous sommes fiers d'avoir réunis autour de ce projet des acteurs majeurs de la construction et du BIM : le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment, l'Ordre des Architectes, le CSTB, Construction21, Mediaconstruct, l'UNSFA, le Club BIM Prescrire, Edibatec, BIM France et Astus Construction nous ont apporté un parrainage précieux.
Parmi les sponsors du concours, on peut trouver des industriels bien sûr (Odyssée Lumière Export – Rosa, Lafarge France, AkzoNobel, Saint-Gobain, Reckli, Horizal) mais aussi – et c'est la preuve que tout le monde prend le train du BIM - des bureaux de contrôle comme BTP Consultants et Socotec ou encore La Fondation Excellence SMA.
Enfin, les membres du jury ont aussi été particulièrement bienveillants et nous ont conseillés tout au long du concours : Bertrand Delcambre, Pierre Mit, Jacques Lévy-Bencheton, Lionel Blancard de Léry, André Morlet, Alain Birault et Éric Lebègue.
Cela fait beaucoup de personnes impliquées mais c'est ce qui a permis au concours d'avoir un tel rayonnement et de se faire remarquer très vite.
Notre volonté ? Faire de ce concours une référence et qu'il y ait de nombreuses éditions dans le futur.
Combien de participants avez-vous eu ? Avez-vous eu du mal à départager ?
Nous avons eu 78 équipes candidates, ce qui est beaucoup. Le comité de pré-sélection a choisi 10 projets. Pour être tout à fait transparents, nous avions au départ l'objectif de sélectionner 20 équipes finalistes. Cela n'a pas été possible car seul 10 projets répondaient à l'ensemble des critères du jury :
- le projet proposé répond aux exigences du programme
- le programme est innovant, contemporain et répond aux préoccupations actuelles en matière de développement durable
- la méthodologie BIM est respectée et prouvée
- au moins un objet de chaque sponsor est intégré dans la maquette numérique
Au moment des délibérations finales du jury, il y avait 5 projets qui ressortaient vraiment et qui avaient de très belles qualités architecturales.
Les projets étaient livrés au format IFC. Était-ce important pour vous de prouver que cela fonctionne bien ?
Nous ne voulions rien prouver en particulier concernant l'IFC mais nous avons considéré que ce format d'échange était le plus indiqué pour le concours : qu'importe le logiciel utilisé par le candidat du moment que nous récupérions une maquette consultable par l'ensemble des membres du jury.
Notre pragmatisme, notre association avec Mediaconstruct pour le concours et notre volonté de rassembler : tout cela allait dans le sens de l'IFC.
Peux-tu stp maintenant nous parler des 3 lauréats et nous expliquer brièvement leurs projets et les raisons du succès ?
Kévin Bailly et Minh Nguyen ont obtenu le premier prix. Voici le commentaire du jury sur le projet U-Farm : « Tant ouvert sur la ville que sur les rives du Canal de l’Ourcq grâce à l’intention paysagère d’intégrer le projet dans le tissu urbain par la création de volumes à l’échelle, le projet a séduit. On découvre aussi deux promenades intéressantes le long du Canal de l'Ourcq qui démontrent que l'équipe a su tirer partie de cet élément. Une réflexion est aussi amenée sur les transports présents et à venir autour de la pépinière. Enfin, le principe des fermes urbaines et très intéressant : il permet une façon inédite d’habiter, de consommer, de recycler et de réduire les déplacements polluants. Une dernière qualité et pas des moindres, la maquette numérique est particulièrement bien réalisée, renseignée et intelligemment pensée. »
Le 2ème prix a été remporté par Riccardo Pagani, Serena Cardoni, Veronica Veschi et Niccolo Vergara Caffarelli : une identité architecturale forte, une belle installation du projet sur le site et une façade génératrice d'énergie pour la pépinière ont permis à l'équipe de se démarquer.
Le 3ème prix a été remporté par Dany Ang et Jean-Frédérick Loko. Outre des qualités évidentes, la pépinière MBK-Lab s'est surtout faite remarquer parce qu'elle donnait envie de l'occuper, un des membres du jury a d'ailleurs souligné qu'on imaginait bien les gens se rassembler et circuler dans ce bâtiment.
Le palmarès complet sur le site de Polantis en cliquant ici.
On a même vu des gagnants (2ème place) venir d’Italie. C’est un beau succès européen. Vous attendiez-vous à cela ?
Il y avait en tout 14 équipes internationales : Italie, Espagne, Luxembourg, Bolivie, USA, Belgique, Canada, Espagne, etc.
Nous n'avons pas été surpris parce que nous nous sommes donné les moyens pour recruter des candidats à l'international. Polantis est une entreprise française mais avec des utilisateurs dans 164 pays : nous ne perdons pas cela de vue.
Le niveau était très relevé, bravo ! Sais-tu quels outils logiciels ont permis aux vainqueurs de créer ces beaux projets BIM IFC ?
Merci pour les candidats !
Les dix candidats finalistes ont tous travaillé avec Revit : 8 avec Autodesk Revit 2016, 1 avec Autodesk Revit 2015 et 1 avec Revit Architecture 2015.
Ayant reçu des fichiers IFC, nous n'avons pas regardé pour l'ensemble des projets.
Quelles ont été les réactions de la commune de Bobigny ? Y-a-t-il une volonté de construire l’un de ces projets ?
Le maire de Bobigny, les responsables du service Urbanisme et l'aménageur du site ont assisté à la remise de prix avec beaucoup d'intérêt. Ils ont aussi échangé avec certains candidats. Malgré tout, le projet reste un prétexte pour travailler avec le BIM et il y a peu de chance qu’une construction s’ensuive. Pour la prochaine édition, nous réfléchissons sur ce point précis : ce serait merveilleux que le Concours BIM débouche sur une construction !
Quels sont vos prochains projets de développement de l’année ?
Cette année est très chargée en actualité pour Polantis : nous avons repensé le design du site, nous avons lancé l'app Polantis sur le store Autodesk, nous continuons à recruter...
Le prochain projet est de devenir organisme de formation. Polantis a un statut d'expert en prescription architecturale et aussi de référent BIM. Nous animons régulièrement des séminaires et formations privées pour nos clients qui en sont très satisfaits: nous voulons développer ce département dans un futur proche. Venant du milieu de la formation, je sais à quel point les retours d'expérience et les cas pratiques sont précieux pour les stagiaires et je peux te dire que nous avons de quoi faire.
Enfin, je travaille déjà sur l'édition 2017 du Concours BIM, plus tôt le concours sera lancé et plus les candidats auront le temps de travailler sur le projet !
Merci Manon, nous vous souhaitons à toi et à toute l’équipe, toujours plus de succès dans cette aventure des objets BIM.
Site officiel de Polantis en cliquant ici.
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